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9 janvier 2020

SERVICE NATIONAL UNIVERSEL 4

SNU : 30 000 "appelés" en 2020

 

30 000 jeunes mineurs volontaires seront "appelés" – ce terme de triste mémoire est maintenant utilisé dans le langage officiel – en 2020 pour faire leur Service national universel (SNU). L'objectif du recrutement a été assigné à Patrice Latron, ancien préfet de l'Yonne, nommé le 11 décembre 2019, à l'issue du Conseil des ministres. Il s'occupe, depuis le 6 janvier 2020, du déploiement du SNU dans tous les départements français. Qui est Patrice Latron ? Diplômé de l'école militaire de Saint-Cyr, il a été affecté à plusieurs régiments de Chasseurs parachutistes avant de devenir l'aide de camp d'Édouard Balladur puis d'Alain Juppé. En 2015, il a été directeur de cabinet du préfet de police de Paris. En 2020, il coordonne les instructions données aux préfets et aux recteurs d'académie pour le recrutement des jeunes "recrues".

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 Le recrutement a commencé

Passer d'un recrutement de 2 000 volontaires en 2019 à 30 000 en 2020 demande une importante organisation de la propagande. Des instructions ont été données par l'intermédiaire des préfectures et des académies de l'Éducation nationale pour sensibiliser les élèves de troisième et les membres d'associations aux "bienfaits" du SNU.

Des enseignants ont déjà accepté de faire la promotion du SNU. Le journal Le Télégramme nous apprend que Martine Guillaume, professeur d'histoire-géographie en charge de l'EMC au collège Jacques-Prévertde Guingamp, a organisé en décembre 2019, une conférence avec 120 élèves de troisième sur le Service national universel et l'engagement bénévole à l’armée.

Dans le département des Alpes de Haute-Provence, cher au ministre Castaner, des réunions d'informations ont été organisées dans plusieurs villes sous la responsabilité du préfet Olivier Jacob et du directeur académique des services de l'Éducation nationale Frédéric Gilardot. CarolineGAZELE, Inspectrice Jeunesse et Sport à la DDCSPP (Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations) des Alpes de Haute-Provence, précise : « Le comité de pilotage, présidé par le Préfet, a permis de préparer l’organisation des séjours de cohésion qui se dérouleront en juin 2020 (phase 1 du SNU), au cours desquels 300 jeunes résidant dans d’autres départements seront accueillis à Seyne-les-Alpes. Les échanges ont également engagé une réflexion sur les modalités de participation d’une cinquantaine de jeunes bas-alpins aux missions d’intérêt général (phase 2 du SNU). Afin d’assurer la bonne organisation de ce dispositif et la mobilisation de tous les acteurs de terrain concernés, des réunions d’information et de présentation sont programmées dans chaque arrondissement. ».

Les 13 préfets de département de la région Occitanie étaient à Narbonne (Aude) le 19 décembre 2019, en compagnie du préfet de région, Étienne Guyot. Ils ont échangé sur le Service National Universel. Benoît Houssay, officier général de la zone de défense de sécurité Sud, et le colonel Jacques Duffour, de la délégation nationale, se sont joints au débat avec l’État-major régional. Le comité de pilotage du service national universel a été au centre des discussions. Cette réunion a validé le schéma de déploiement des séjours de cohésion sociale pour toute cette région.

Au centre Horizon 3 000 de Tence (Haute-Loire) seront accueillis, du 22 juin au 3 juillet 2020, 200 jeunes venus de toute la France. Un chef de centre, ancien directeur de MJC et ancien militaire (sic), a été recruté. Il s'agit encore d’embaucher 30-40 encadrants. « C'est un peu une aventure », convient le préfet Nicolas de Maistre qui vient de dévoiler les contours de ce SNU. À partir de janvier 2020, une communication sera faite dans les établissements scolaires et auprès des organismes accueillant des jeunes comme les missions locales.

Les Ariégeois âgés de 15 ou 16 ans vont aussi pouvoir se faire connaître auprès de leur établissement scolaire, à partir du 6 janvier 2020, pour participer au Service National Universel (d’après une annonce du journal La Dépêche). « C’est une grande aventure, ça n’a encore jamais été fait », se réjouit d’avance la préfète de l’Ariège, Chantal Mauchet. Le journaliste précise : « Version XXIe siècle de l’ancien service militaire, le SNU s’adresse aux jeunes âgés de 15 à 16 ans ayant l’envie de s’engager au service des valeurs de la république. »

À Toulon, la table ronde « La fabrique de la Défense : engagement et citoyenneté » s'est tenue le 10 janvier 2020, en présence du colonel Alexandre Malo, commandant de la gendarmerie départementale du Var, du vice-amiral d'escadre Laurent Isnard et de Mme Émilie GUEREL – Députée du Var et Contributeur au Service National Universel, pour : « promouvoir l’esprit de Défense, renforcer le lien Armées-Nation et faire émerger une culture stratégique européenne », selon la déclaration de la Ministre des Armées à l’occasion de l’Université de la Défense.

 

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Les réactions s'organisent

À l’issue de la première expérimentation en conditions réelles du SNU, l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep) a publié une évaluation. Ce rapport note que l'émergence d'une "culture SNU" a pu être observée, mais que les jeunes et les encadrants ont parfois exprimé le sentiment d'une mise en avant de l'aspect militaire. Cette impression peut être due à certains rituels empruntés au monde militaire. En outre, parmi les jeunes volontaires, 31 % déclarent que l'un de leurs parents travaille ou a déjà travaillé pour l'armée (contre 1,3 % dans la population française).

Le 1er octobre 2019 une nouvelle réunion du Collectif NON au SNU s'est tenue dans les locaux parisiens du syndicat Solidaires. Des visuels, dessinés par Guy, et des textes ont été retenus pour l'impression de tracts. D'autres propositions sont arrivées au mois de décembre de différents syndicats et différentes villes de province. Des réunions se sont tenues aussi à Lyon, Nantes ou Toulouse.

Le 20 novembre 2019, le Syndicat national des personnels de la jeunesse et des sports CGT a publié un communiqué. Il affirme son « opposition ferme et entière à la mise en œuvre du SNU ». L'Intersyndicale contre la précarité étudiante a demandé la suppression du SNU et une revalorisation de 20 % des bourses étudiantes.

En décembre 2019, la 4ACG (Association des anciens appelés en Algérie et leurs ami.e.s contre la guerre) a lancé un appel à la jeunesse pour refuser le SNU. Marlène Tuininga, au cours d'une réunion d'Attac Paris, dénonce « la militarisation des jeunes, le nationalisme menaçant et la violation de la liberté de conscience » (le SNU n’autorise pas l’objection de conscience).

Dans son numéro de décembre 2019 la revue Émancipation syndicale et pédagogique a publié un article très documenté de l'historien Patrick Jade : " Qu'est-ce que le SNU ?".

Les journaux La Forge et Silence ont fait paraître aussi des articles qui dénoncent l'endoctrinement des jeunes.

Le 16 décembre 2019, l'Union pacifiste a organisé avec Bernard Baissat, une projection-débat à la SCAM (Société des auteurs) à Paris avec le document audio-visuel « SNU, embrigadement des jeunes ? » Les difficiles conditions de circulation n'ont pas permis de réunir toutes les personnes invitées, mais celles qui étaient présentes ont été satisfaites de découvrir des aspects du SNU qu'elles ne connaissaient pas. Elles ont pu aussi faire des propositions pour développer une information militante plus large contre le SNU. Après cette séance l'Union pacifiste a reçu des demandes d'utilisation du document audio-visuel pour des réunions : le mercredi 28 février une rencontre est programmée à la librairie Publico, à Paris. Le vendredi 20 mars une projection-débat est programmée à Beauvais. D'autres réunions se tiendront à Lyon, Marseille, Nantes....

Afin d’informer au mieux les futurs "appelés", leurs parents et leurs enseignants sur les risques du SNU, nous avons besoin de relais dans la presse écrite et audio-visuelle ainsi que dans les réseaux sociaux. L'Union pacifiste a une page Facebook sur laquelle elle tient une revue de presse et souhaite obtenir de concours de jeunes internautes pour développer une information sur Twitter, Instagram et Youtube.

Nous pouvons déjà signaler sur la chaîne Youtube de Bric-À-Brac de Brieux une analyse très critique du SNU, déjà vue par plusieurs milliers d'internautes.

Nous avons aussi contacté l'historienne Manon Bril, qui a reçu le prix vidéaste de la SCAM pour sa chaîne « C'est une autre histoire ». Très suivie par un public jeune, elle traite de sujets historiques et sociaux avec une présentation de grande qualité. Manon Bril est intéressée par le sujet du SNU et pourra peut-être un jour nous aider à mettre en scène notre opposition collective au SNU.

En janvier 2020, le Journal de Saône et Loire annonce qu'une session du SNU se tiendra à Autun, du 22 juin au 3 juillet, et fait un sondage auprès de ses lecteurs : pour ou contre le SNU. Sur un total de 3 386 avis, 70 % sont pour le SNU et 21 % contre. Nous saluons les opposants au SNU et nous allons essayer de faire grossir leur nombre.

Nous pensons organiser bientôt à Paris une grande réunion publique et participer, avec des membres du Collectif NON au SNU aux rencontres qui seront organisées dans d'autres lieux en France. Les associations, les syndicats, les mouvements de jeunesse qui souhaitent adhérer au Collectif peuvent le faire en écrivant à non Snu : <nonsnu-request@lists.riseup.net>.

Prochaine réunion du collectif : le mercredi 29 janvier à 18 h 30 au syndicat Solidaires.

La propagande du gouvernement a commencé dès le début de l'année, la résistance doit être la plus efficace possible.

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